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Table des matières

Chapitre 13 : L’illustration de la méthodologie et de l’épistémologie holanthropique : le caisson d’isolation sensorielle

La Mère Morte Tanking : de la relaxation à l’autoanalyse

Le tank ou caisson d'isolation sensorielle a été créé par John Lily, un neurophysiologiste californien, dans des buts de recherche médicale et   d'exploration personnelle. Il a rapidement séduit les Californiens dont les nouvelles   frontières se sont déplacées du géographique et du technologique à l'existentiel. Des centres avec 10 et 15 caissons se sont multipliés puis ont fermé. Car il se pose un problème. A Strasbourg, où se fait la construction du caisson, le phénomène se répète. L'intérêt global pour l'expérience de déprivation sensorielle semble très large, mais la première immersion ne se fait pas très souvent et la prolongation de l'expérience intervient encore plus rarement. Il se pose donc un   problème que je formulerai comme ceci : l'effet de relaxation qui atteint une   intensité profonde ne se fait que si l'émergence de l'inconscient et de l'infonctionnant qui advient en même temps peut être intégrée, structurée. Ce   problème se pose dans toute psychothérapie approfondie mais ici on est seul, sans thérapeute.

Le tanking permet d'aborder ce processus dans sa chair et se présente donc comme un lieu de recherche privilégié. Je propose ici une première approche, somatanalytique, après neuf mois de pratique régulière.

 

  • L'ambiance

  • Quelques impressions prises sur le vif donneront d'abord l'ambiance. Dès l'entrée dans le caisson, la porte refermée, tout est noir et silencieux. Pas une raie de lumière ne filtre et rien n'indique la sortie. Une panique m'a pris dès la première seconde, intensifiée par la difficulté à manipuler la trappe d'accès. La claustrophobie est là dès le départ, massivement. Après la première séance d'une heure, je sentais mon corps étonnamment vivant et présent, suffisamment riche pour capter mon attention et m'éviter les ruminations intellectuelles habituelles. Sur l'autoroute du retour, je roulais lentement, calmement. L'effet de relaxation se lisait sur le compteur de vitesse. A la troisième séance, comme le corps se détendait progressivement et que les sensations internes s'intensifiaient, une contracture se fixa subitement dans la nuque, de plus en plus aiguë et perturbante. Ni le mouvement ni la relaxation intentionnelle n'en arrivèrent à bout ; elle, par contre, effaça toutes les autres manifestations agréables. Cela m'évoqua de vieux souvenirs d'ennui avec le port de la tête. La situation allait devenir intolérable quand j'eus l'idée de faire circuler les sensations – l’énergie ? – par le cou au lieu de les faire buter sur cette crispation et, après quelques minutes, cette dernière disparut, laissant le champ libre aux flux et reflux des plus délicieux, des orteils au crâne, de la gauche à la droite, dans toute l'épaisseur du corps. Une autre fois, une turgescence des muqueuses nasales s'était tellement épaissie qu'elle boucha les narines et provoqua un mal être insoutenable qui fit interrompre la séance.
     
    A la cinquième séance, l'humour de la préparatrice des caissons faillit être fatal à mon enthousiasme. Elle était remplaçante et, faisant allusion à son embarras, me glissa : « J'ai préparé le tank, j'espère qu'il n'y aura pas de court-circuit ». Au milieu de la séance, alors que les sensations et images défilaient librement, cette phrase fit retour comme un éclair : « Mais s'il y a un court-circuit, je suis cuit, grillé, électrocuté ! Parce que le chauffage de l'eau se fait par résistance électrique à l'intérieur du bâti. Je n'ai même plus le temps de sortir ». Ces faits s'imposaient avec la vitesse de l'évidence. Il ne me restait donc plus qu'à me préparer à la mort, ce que je fis, comme j'en avais l'habitude pendant toute une période de ma vingtième année. Cette idée morbide et salvatrice me revint régulièrement pendant quatre à cinq séances, me plongeant dans une paix aussi profonde que l'alerte était chaude. (J'ai fait expertiser mon propre caisson quant à son installation électrique et il n'y a pas de danger objectif, pas plus que dans n'importe quelle salle de bain). Depuis ces débuts héroïques, je flotte régulièrement, deux fois par semaine, à l'heure de midi, déjeunant d'imaginaire et de sensualité. Quand je dois ressortir, je n'ai plus envie d'ouvrir les yeux et quand je me retrouve dans mon fauteuil d'analyste, l'écoute est vraiment flottante mais la présence pleine.
    Il se passe donc des choses, énormément de choses, au niveau du corps et du psychique. Mais comment analyser et théoriser ce qui, à son niveau le plus profond, ne se laisse même pas décrire et que je réunis ici sous les deux aspects de la relaxation et de l'autoanalyse ? Il n'est que d'employer la méthode la plus rigoureuse qui soit, celle là même que j'utilise chaque fois que j'approche une nouvelle pratique thérapeutique et qui consiste à partir du setting, de l'organisation matérielle et du protocole d'organisation, avec l'hypothèse que tout ce qui peut se passer dans la thérapie est déjà inclus dans ce setting. Tout le reste en découle logiquement. Ici, avec le caisson, le setting correspond à la matérialité de l'appareil. Il n'y a qu'à l'interroger et à en tirer les implications et développements, en recherchant dans la confrontation avec le vécu confirmation ou infirmation.
     
    • Le setting et ses effets immédiats

    • Le caisson a 2,30 mètres de long, 1,20 mètre de large, et 1 mètre de haut. On ne touche donc pas les bords en cours de séance. Il est parfaitement obscur et l'insonorisation est pratiquement complète si l'on immerge les oreilles. Le fond reçoit trente à quarante centimètres d'eau salée et permet une flottaison passive et parfaite, comme dans la Mer Morte. On peut s'endormir sans danger ! Après quelques minutes, on se sent littéralement bétonné dans le liquide, le seul mouvement restant résulte de l'effet de densité lié au flux de l'air dans les poumons. L'eau est chauffée à la température de la peau, autour de 34° 5. Voilà le setting ; tout est là, il suffit d'en tirer les conséquences.
      A un premier niveau d'observation, on constate trois réalités simples et univoques :
      -          la disparition des stimulations externes qui arrivent par la vue et par l'ouïe ; c'est à ce titre que l'on parle d'isolation et même de déprivation sensorielle ; ce fait est tellement massif et net qu'on en a fait le triste usage que l'on sait en RFA ;
      -          la disparition de l'effet de pesanteur habituel ; en fait, il y a seulement disposition différente des forces du fait de l'immersion dans l'eau et obtention d'une détente musculaire totale grâce à la flottaison passive ;
      -           la disparition   des   limites du   corps puisque la température de l'eau est celle de la peau et que l'eau ne fait pas obstacle ; il n'y a plus de contact distinctif et différentiel.
      Ces trois réalités physiques et univoques provoquent chez le sujet immergé un certain nombre de déplacements qu'on peut réunir sous trois rubriques : situationnelles, corporelles et psychiques. Mais déplacement de quoi ? Des lieux de stimulation et de fonctionnement, des lieux du vécu, des lieux des processus vitaux. On isole ainsi un deuxième niveau d'observation dont la description reste encore relativement simple et objective :
      -       au niveau situationnel, le déplacement se fait massivement des stimulations externes qui disparaissent, vers les stimulations internes, corporelles et psychiques, qui prennent toute la place ;
      -       au niveau corporel, le déplacement affecte les trois systèmes  principaux : le système musculo-tendineux émet de moins en moins de messages de par sa mise au repos, le système de la peau n'envoie plus les références objectives des limites corporelles ; le système viscéral continue à fonctionner (respiration, digestion, contraction cardiaque, circulation sanguine, péristaltisme de la musculature lisse en général, sexuelle en particulier), et voit ses effets subjectifs s'amplifier en raison du silence alentour ; le déplacement se fait progressivement des repères habituels du schéma corporel que sont la vue, l'ouïe, la peau et le système musculo-tendineux vers ces repères insolites que sont les fonctionnements viscéraux qui débouchent sur des schémas tout à fait fantasques ;
      -       au niveau psychique, le déplacement est plus difficile à décrire dans la mesure où il faut le faire avec des références théoriques. J’emploierai ici mes propres concepts de fonction dissociative et de fonction associative en situant le glissement de la première vers la seconde ; le processus psychique dissociatif n'est autre que le processus réflexif et rationnel dans la mesure où il focalise son attention sur un objet exclusif et se dissocie de tous les autres possibles ; le processus associatif, au contraire, accueille toutes les stimulations qui arrivent et les enrichit par association libre, comme sur le divan psychanalytique, c'est le processus de l'intuition, de l'insight, de la créativité ; l'expérience du tanking produit régulièrement ce déplacement de la réflexion à l'imagination, de la pensée organisée au défilement associatif parallèlement aux autres glissements, situationnels et corporels. Ces trois mouvements se font ensemble et se renforcent mutuellement.
      Les effets de ces déplacements provoquent des processus globaux et complexes qui se situent à un troisième niveau d'analyse. On peut les réduire aux deux mécanismes annoncés par le titre, à la relaxation et à l'autoanalyse. Comme notre raisonnement le postule, ces effets découlent logiquement et spontanément du setting, à savoir du tank, pour peu qu'on s'y prête effectivement.
      Nous disions que le tanking nous fait passer de la relaxation à l'autoanalyse. Puis nous ajoutions qu'il y avait relaxation si l'émergence des éléments inconscients et infonctionnants se structurait bien en une autoanalyse. Mais avant d'exposer ce problème, voyons d'abord séparément ces deux moments.
       
      • La relaxation

      • Pour décrire la relaxation, il n'y a qu'à se référer au modèle le plus courant, au training autogène de Schulz et essayer une comparaison. Le training commence par la lourdeur des membres. Ici, il n'y a pas lourdeur mais légèreté, au point qu'on en arrive à ne plus sentir le corps, à visualiser une absence à sa place anatomique, à se prendre pour un nuage mince et étiré couvrant un large ciel. L'immersion dans l'eau provoque cette opposition de sensation qui correspond pourtant à la détente qui, à l'air, est lourdeur. Le training continue par la chaleur des membres puis du plexus solaire. Ici, la chaleur ne reste nullement un effet cutané et localisé mais s'amplifie peu à peu en vagues épaisses et profondes qui défilent dans tout le corps, lentement, calmement, balayant sur son passage toutes les contractures résiduelles, toutes les esquisses de spasmes, toutes les pensées obsédantes. Cette chaleur naît préférentiellement dans le hara, ce centre du corps situé par reconnaître ici l'un des aspects de cette fameuse « circulation de l'énergie » qui constitue le shibboleth des thérapies corporelles. La respiration du training est « calme et profonde », régulière et relativement contrôlée. Ici, elle devient subtile, s'élargit à tout le corps, inspire par les jambes, expire par la tête et met en mouvement chaque cellule. Le rythme, lui, se désarticule, se ralentit jusqu'à s'arrêter puis reprend un peu affolé. Le ralentissement correspond à un moment de plaisir émotionnel, l'accélération marque un temps de reprise attensionnelle. Le cœur ne bat pas seulement calme et fort mais ralentit ou bat la chamade, délicieusement, créant une nouvelle ponctuation du temps tout à fait déroutante. Quant au front, il n'est pas frais comme en Schultz. On ne garde pas la tête froide dans cet air aussi chaud que l'eau, à 34°5. On ne garde pas le contrôle des sensations, les provoquant par la phrase rituelle et à tour de rôle. On ne maîtrise pas le temps pour s'arrêter soi-même après trois à quatre minutes. Dans le tank, l'état de conscience se transforme, oscillant entre laquasi perte de conscience et l'attention la plus aiguë qui succède par sursaut à cet effacement difficile à intégrer. Tout comme disparaissent les repères corporels, s'évanouissent les repères psychiques, l'espace-temps, l'identité, les soucis du moment qui font continuité. D'après notre hypothèse, c'est l'effacement des repères corporels qui entraîne la dissolution de la conscience. Celle-ci ne se dissocie plus en un écran de perception distinct des stimuli qui s'y affichent mais se fond avec les sensations elles-mêmes. La conscience devient viscère, et c'est là que s'installe la relaxation maximale, celle-là même qui fait l'intérêt du tanking. Toutes ces manifestations illustrent suffisamment la profondeur de la relaxation atteinte, elle est bien plus grande que celle du Schultz mais cela dépend aussi de la durée. Le training doit s'arrêter après trois à quatre minutes, le tanking se prolonge une heure et plus. Cette durée permet d'ailleurs de retrouver un rythme relativement fixe et répétitif qui se constitue d'un double mouvement, d'enfoncement jusqu'aux purs processus inconscients puis de réémergence souvent rapide, rythme de vingt à trente minutes qui correspond probablement aux premières phases du cycle du sommeil. Ainsi la relaxation est tellement profonde qu'elle retrouve le cycle du sommeil qui existe bel et bien à l'état de veille mais reste enfoui profondément dans l'inconscient. Il n’y a pas endormissement dans le tanking, pas plus qu'en sophrologie. Si, par accident, on passe au stade de sommeil profond, le réveil est aussi brusque et désagréable quand il se fait en milieu de phase, que lorsqu'on est dérangé au milieu d’une sieste. La relaxation est donc certaine et profonde, elle manifeste ses effets durant le reste de la journée mais elle induit aussi un certain changement dans la façon d'être, changement qui se relie très clairement au travail d'analyse.les Japonais sous le nombril et diffuse en tous sens. On peut
         
        • L'autoanalyse

        • Car ce qui se passe au-delà de la relaxation et qui occupe bientôt toute la scène, peut être considéré comme un travail d'autoanalyse. J'ajouterai même qu'il s'agit là d'une des seules formes d'autoanalyse, où tout « autre » est absent. On a parlé de l'autoanalyse de Freud, mais Freud correspondait avec Fliess. Eric Biedermann, l'un des constructeurs du tank, me disait qu'il pratiquait l'autoanalyse depuis des années au sens où l'entendent tant de gens qui refusent la psychanalyse. En réalité, il la mène par livres psy interposés et grâce à de longues discussions avec des amis. Mais ici l'autre est bien absent, la mère est morte et c'est bien cela qui dissuade tellement de gens pourtant intéressés à franchir la trappe du caisson. Car, à l'intérieur, on est seul, vraiment seul ; l'extérieur disparaît, s'évanouit, devient dérisoire. Le temps, l'espace, l'identité propre, les limites du corps s'effacent. On est à poil jusqu'au fond de l'âme. Que l'intuition de la mort survienne alors, se comprend parfaitement, même en l'absence de prétexte électrique.
          Dans le tank, il y a analyse, à savoir émergence de/et accès à l'inconscient psychique et à l'infonctionnant corporel, comme en psychanalyse et en somatanalyse. Là, l'analyste est l'agent facilitateur qui permet l'ouverture, par le transfert principalement. Ici, la mère morte, c'est le caisson qui joue ce rôle, celui de facilitateur. Il est chaleureux, permissif et flottant. Sa machinerie lâche aussi par moments des borborygmes et des gouttelettes de condensation tombant du couvercle le font rappeler à notre bon souvenir. L'accès à l'inconscient se fait donc merveilleusement, nous le démontrerons dans un premier temps mais comment se remplit le second rôle du psychanalyste qui est de structuration ? Nous le verrons par la suite.
           
          • L'accès aux processus inconscients et infonctionnants

          • Analyser doit s'entendre ici dans son sens étymologique de dé-lier, dé-faire, dé-composer les corps complexes en leurs éléments constitutifs comme en chimie. Cette déconstruction provoque d'abord bien des résistances et des défenses. Leur énumération que je propose en un premier temps doit tout autant éclairer et guider le tankeur que nourrir notre argumentation : s'il y a résistance, il y a analyse. On peut distinguer des résistances comportementales, somatologiques et psychologiques.
             
            Les mécanismes de défense
            La résistance la plus simple se situe dans le refus d'y aller, quoiqu'on en ait envie. Combien d'amis se sont annoncés et n'ont jamais donné suite ! Les plus lucides avouent leur claustrophobie, d'autres ne savent pas pourquoi et ne veulent pas y retourner sous les prétextes les plus variés et les rationalisations les plus étranges. Ces résistances comportementales sont telles, le caisson est à ce point dissuasif qu'on n'observe pratiquement pas d'accidents, pas de décompensations, pas d'effets néfastes. La sélection est drastique, ce qui rassure mais pose en même temps la question de l'utilisation en thérapie : les gens qui pourraient en profiter iront-ils ?
             
            Les défenses somatologiques se constituent ensuite, dans le bain. Le sujet réagit de façon paradoxale aux effets physiologiques. Il a froid tellement il se crispe comme cette femme qui a grelotté pendant dix minutes puis est sortie, demandant qu'on monte la température à 37°. J'ai moi-même hérité de cette eau à 37° mais m'y suis senti étouffer. On peut constituer ces crampes, spasmes et tuméfactions dont j'ai déjà parlé. On peut faire une irritation des tympans s'ils sont fragiles sans penser à mettre des boules Quiès ! Toutes ces réactions dissuadent très rapidement si on ne sait pas les analyser, c'est-à-dire les comprendre, les intégrer et les résoudre.
             
            Les défenses psychologiques correspondent à tout l'éventail de la psychopathologie. Du côté de la névrose d'abord. L'angoisse s'amplifie, les phobies se trouvent un objet comme le circuit électrique, le maniement de la trappe ou ces gouttes qui tombent du plafond et provoquent des petits remous que les fantasmes transforment en serpents et crapauds ; les obsessions se fixent sur les imperfections de l'appareil, sur les bruits ou sur le moment où la petite musique annonce la fin de séance. Du côté de la psychose ensuite : des déconnections se font, esquissées par l'endormissement et son réveil traumatisant, des moments d'inconscience totale sans aucun contenu, des moments de profond ennui, mais aussi des réactions d'hypervigilance avec production quasi paranoïaque et hypercontrôle rigide. Tous ces mécanismes de défense indiquent bien qu'il pourrait se passer quelque chose en leur absence. Ce quelque chose n'est autre que l'émergence de processus profondément enfouis à la fois inconscients et infonctionnants. Envisageons-les à présent avec tout ce qu'ils ont d'indicible, d'au-delà du verbe. Nous essayerons pourtant de les théoriser en partie et de réfléchir à ce qu'ils apportent comme données nouvelles.
             
            Les processus psychiques
            Commençons par les productions psychiques tout simplement parce qu'un   cadre d'accueil élaboré les attend, le cadre psychanalytique. Elles surviennent progressivement. Quand on entre dans le caisson, on commence par se mettre en situation, on accuse le coup, la coupure plutôt, ce formidable isolement   qu'on s'impose tout d'un coup sans toujours savoir pourquoi, par routine parfois. Puis on déjoue les résistances les plus grossières, l'envie de bouger, et surtout   le retour des soucis immédiats, ceux qui nous attendent juste après. Il est facile de   partir à penser. Tout cela évoque parfaitement le début du rebirth, de la relaxation et même de la séance de psychanalyse. Pour certaines personnes, les plus ouvertes, l'irruption des sensations et imaginations se fait toute seule, rapidement et massivement. Pour d'autres parmi lesquels je me range, un petit travail préalable s'impose, une mise en condition. Je commence par m'intéresser au corps : je relâche les tensions les plus perceptibles, je repère les sensations les plus fortes, les fais circuler au maximum, vers la tête principalement pour entamer ainsi la concentration encore trop forte, j'attaque aussi les limites corporelles trop nettes en pratiquant le   « circumsensus » de Frans Veldman qui est un prolongement du corps vers les six   parois du caisson puis au-delà. La conscience suit en se déplaçant du dissociatif vers l'associatif. Les images arrivent peu à peu. Au début, elles sont appelées plus ou moins volontairement par les sensations corporelles puis elles s'associent d'elles-mêmes. Si elles tardent, je recours aux phosphènes qui existent toujours ; il suffit de regarder devant soi comme si l'on regardait l'intérieur des paupières et l'on voit des formes lumineuses ressemblant à des taches de Rorschach ; lorsqu’on en fixe une, elle se transforme progressivement en image, l’image se met à bouger, à évoluer et à défiler bientôt comme un film, spontanément. Après quelque temps, l’intention devient superflue et les choses évoluent toutes seules : des images apparaissent plus ou moins liées à des souvenirs, des mots s’imposent parfois en plein milieu de ce défilement ou alors des idées, des concepts sous forme de réponse à des questions non formulées. L’état de conscience évolue parallèlement, avec disparition progressive de la dissociation jusqu’à arriver à des moments où le contenu prend toute la place, où l’on est ce contenu sans aucun recul jusqu’à ce que cette immédiateté trop étrange provoque à nouveau une réaction de différenciation. On remonte alors vers une conscience plus claire et précise qui permet de réfléchir à ce qui s’est passé avant de repartir dans une nouvelle plongée, en s’aidant des manœuvres énumérées plus haut si nécessaire. Voilà le fonctionnement de ce processus, l’aspect formel. Il fait abstraction du contenu et présente, à mon sens, l’intérêt majeur de ce vécu, nous y reviendrons.
             
            L’inconscient collectif, archétypal
            Quant au contenu, il éclate dans autant de directions qu’il y a de tankeurs. Il commence avec les soucis du quotidien et continue par les affublements les plus habituels du vécu corporel : vision du corps comme nuage à cause de sa légèreté, expansion du corps aux dimensions d’un lac, d’une mer ou de l’océan quand il s’épanouit en circumsensus, images érotiques lorsqu’une charge de sensualité traîne encore là après un orgasme matinal… Les images sont aussi appelées par les rares faits matériels qui subsistent : dérive dans l’océan quand on se déplace un tant soit peu dans le caisson, grouillement de monstres marins à l’occasion de la chute d’une petite gouttelette d’eau de condensation. Et puis tout s’emballe dans des répertoires extraordinaires, connus et inconnus, habituels et neufs. Mais ce contenu est relativement peu émotiogène, peu dramatique, peu relationnel. Il y a des paysages, marins de préférence ou aériens, des images fantastiques genre conte de fée, des productions merveilleuses généralement paisibles. Cette grande paix est à souligner. Il m’est arrivé de couper des têtes avec un sabre de façon tout à fait détendue et jolie, sans émotion, contrairement à ce qui se passe dans certains rêves analogues et dramatiques. Les souvenirs le cèdent aux créations instantanées et quand il y en a, des souvenirs, ils perdent leur charge émotionnelle. Ce défilement paisible et harmonieux constitue un fait de première importance et il faut le mettre en relation avec les occurrences identiques bien plus émotionnelles qui se font en thérapie, en psych- et somatanalyse par exemple.
            Alors, y a-t-il émergence d'inconscient, accès à l'inconscient ? Je le pense quant à moi, bien que le contenu en soit bien moins spécifique et bien moins personnalisé qu'en thérapie. Cela s'explique facilement si l'on accepte l'idée que la charge émotionnelle vient d'abord de la relation thérapeutique elle-même, de l'implication transférentielle et qu'à partir de là elle associe les souvenirs et problèmes correspondants. Ici, dans le tank, il n'y a pas de charge émotionnelle du fait de l'absence de relation et celle que l'on y amène d'avant s'épuise peu à peu comme cette plénitude sensuelle qu'on y emmène qui s'amplifie dans un premier temps puis disparaît aussi peu à peu. Tout s'apaise, tout s'harmonise au fur et à mesure que le corps se relaxe. L'inconscient ne fait que suivre le mouvement, mais est-ce encore l'inconscient, freudien ou lacanien ? (Vingt ans après, je dirais que l’éveil de « l’intime du lien », archétypal, jungien).
            Il me semble que oui, encore une fois, à condition qu'on accepte ce qui apparaît ici de différent dans cet autre setting. En fait, l'accès à l'inconscient est beaucoup plus un processus qu'un contenu spécifique. Il correspond à cette descente dans un fonctionnement de moins en moins contrôlé et maîtrisé, de moins en moins dissocié et structuré. Il aboutit à ce fonctionnement pur où l'on est image, fantasme, mot et idée sans distinction et où l'on se sent si bien, tellement apaisé et aussi délicieusement sexualisé. On est ce fonctionnement même, n'en déplaise à celui qui s'en sentirait diminué, fonctionnalisé. La recherche scientifique nous apprend que le cerveau émet continuellement une impulsion électrique de base et que les stimuli externes ne font que la moduler en plus ou moins. On pourrait penser qu'on arrive ici à ce fonctionnement de base et que plus rien ne vient le moduler ou perturber, plus aucun stimulus externe, les images internes elles-mêmes ne le faisant pas plus puisqu'elles n'ont pas de charge émotionnelle, pas de valeur informationnelle par conséquent. Serait-ce là la sérénité du yogi, le nirvana? La question reste ouverte.
             
            L’inconscient corporel, énergétique
            Car un autre matériel d'observation doit encore être versé au dossier, à savoir tout ce qui se passe au niveau du corps pour autant qu'on puisse encore distinguer ce nouveau registre dans ces moments d'unification tellement intenses que plus rien ne se différencie précisément. Il s'agit des processus infonctionnants qui émergent peu à peu, qui se mettent à fonctionner parce qu'on le leur permet. Ils correspondent exactement aux processus inconscients qui arrivent à la conscience lorsque celle-ci ne les en éloigne plus et les deux mécanismes sont analogues en vertu du principe d'équivalence que j'ai postulé par ailleurs.
            Dans le tank, les mécanismes corporels dominants perdent de leur importance telles les tensions musculo-tendineuses, les perceptions de la peau et    les informations sensorielles. Les autres prennent plus de place, en particulier les mécanismes viscéraux, ceux qu'on ne ressent jamais sauf lorsqu'ils s'amplifient jusqu'au spasme, jusqu'à la crampe et la douleur. La respiration, par exemple, n'est plus seulement étirement et relâchement du thorax mais phénomène beaucoup plus   subtil qui déborde largement la poitrine pour occuper tout le corps. Les mouvements respiratoires se propagent aux orteils et s'insinuent sous le crâne. Il n'y a rien de fantastique ici mais seulement perception fine de ce que l'expansion pulmonaire provoque comme déplacements d'autres organes et comme ralentissement-aspiration du flux sanguin. Ces mouvements subtils et réels se fantasmatisent peu à peu dans les formes les plus diverses comme ces vagues que l'on suggère en yoga ou comme un déplacement sur le cercle du yin et du yang   comme cela m'est arrivé, par exemple. Le système musculo-tendineux lui-même envoie des messages absolument différents après avoir été mis en repos de pesanteur et remis au travail différemment. Un minime écartement des jambes donne l'impression d'une fente immense qui s'ouvre par le bas et se propage vers le ventre, le thorax, la tête jusqu'à séparer le corps en deux. La plus   minime stimulation sexuelle crée des bouffées de plaisir qui déferlent dans le corps comme des vagues de fond énormes. Jusqu'à présent, on n'énumère que des sensations amplifiées. Mais avec le temps, des sensations de plus en plus spontanées et tout à fait neuves se font jour et provoquent le plus grand étonnement. Ainsi ai-je senti mon corps précipiter tout d'un coup, se transformer en   flocons blanchâtres qui se séparaient les uns des autres et tombaient lentement au fond du caisson. Cette impression était absolument délicieuse du reste, sans aucune angoisse. Il doit s'agir là de ce qui se passe quand le schéma corporel se transforme, déborde ses limites habituelles. Et c'est délicieux, ces déformations subjectives. Il faut enfin évoquer l'émergence d'autres états de conscience, de ceux qu'on ne s'accorde pas ordinairement, ou alors dans la vie sexuelle. L'observation la plus manifeste se situe au moment où l'une de ces vagues de chaleur, de sensualité ou de respiration déferle dans le crâne et submerge la conscience elle-même qui ne peut alors que se relâcher pour l'accueillir ; si elle reste trop aiguë, si elle veut contrôler cette vague, elle la stoppe automatiquement et isole un territoire corporel interdit, dissocié, observateur de l'autre ; alors il n'y a pas unité mais dualité. (On retrouve ici les étapes et les pathologies de la pneumanalyse).
            Ces processus corporels alternent avec les mécanismes de défense déjà évoqués, ils entrent souvent en rivalité avec les manifestations psychiques, aussi longtemps du moins que la conscience est trop étroite pour accueillir les deux ordres de faits. Mais quand elle s'élargit, diffuse, devient purement réceptive, elle reçoit à la fois les images et les sensations en une expansion impressionnante ; ainsi l'irruption de l'imaginaire et la projection du corps produisent une harmonisation qui correspond au prolongement du circumsensus ; le paysage marin qui apparaît s'ancre dans le ventre et le sensualise tendrement, la vision par le troisième œil s'enracine dans des sensations périnéennes et traverse tout le tronc comme la kundalini. A ce moment, il n'y a plus ni observateur ni observé, mais un tout fantastique, mais fragile aussi, qui ne dure pas longtemps – chez moi du moins en ce moment. Alors il faut relancer le mécanisme, se recentrer en son hara, se prolonger en circumsensus... Il faut manœuvrer pour retrouver le déroulement spontané.
             
            Plénarisation jusqu’à plénitude
            Nous sommes ici aux limites mêmes du descriptible. Ce qui se passe au niveau du corps déborde les possibilités de la verbalisation. Nous entrons de plain pied dans le qualitatif, dans le somatologique et l'une des seules possibilités de maintenir un minimum de structuration consiste à laisser filer le contenu pour ne se rattacher qu'à la dimension qualitative plus globale, comme par exemple :
            - au moment de diffusion-concentration : l'impression de floculation du corps correspond au processus de diffusion au-delà de toutes limites alors que le retour sur soi se fait souvent par concentration sur un lieu du corps particulier, sur une contracture ou un mouvement isolé ; la diffusion amène une douce quiétude tandis que la concentration ramène   une intensité souvent dérangeante ;
            -     à l'alternative plaisir-déplaisir tout juste évoquée : le ralentissement respiratoire donne accès à un plaisir plein, profond, élargi, avec une conscience diffuse qui peut aller jusqu'à l'absence de conscience et l'arrêt respiratoire momentané ; mais quand la reprise s'impose, cela se fait souvent douloureusement ;
            -     au déplacement du centre inducteur : tantôt c'est le fonctionnement   corporel qui induit les associations psychiques, tantôt c'est l’imaginaire qui module le fonctionnement corporel ; tantôt c'est le ralentissement respiratoire qui transforme les images en quelque chose de paisible et de serein, tantôt ce sont les images qui changent le rythme respiratoire ; cette observation est courante en rebirth et permet d'ailleurs de distinguer deux types de personnes selon la prévalence de l'un des centres inducteurs, psychique ou somatique ;
            -     à l'alternance émotio-attensionnelle : nous avons vu que le ralentissement respiratoire entraîne un plaisir de type émotionnel, réceptif, diffus, unifié, tendant à devenir pur processus ; puis vient la reprise avec conscientisation plus dissociée, rappel de ce qui s'est passé, étonnement mais aussi tentative de compréhension en un moment réflexif, attensionnel ; le plaisir devient alors satisfaction en cas de réussite ; de l'émotionnel on passe à l'attensionnel en attendant de repartir dans le pur processus.
            Voilà quelques exemples de ce « corps qualitatif », de cette dimension somatologique qui s'abstrait du contenu unique et indicible pour ne pas en perturber la production et qui ne s'attache qu'aux qualités corporelles elles-mêmes, aux mouvements de diffusion-concentration, plaisir-désagrément, émotion-attention, à l'alternance du centre inducteur psychique-somatique, par exemple. Nous profitons ici de cette approche du tanking pour asseoir ce concept nouveau, cette grille de lecture nouvelle. Mais aussitôt il nous faut revenir à notre argumentation :
             
            -   qu'est-ce que cet accès à l'inconscient ?
            -   qu'est-ce que cette émergence d'infonctionnant ?
            -   y a-t-il vraiment travail d'analyse?
             
            • La structuration des processus inconscients et infonctionnants

            • Envisageons très simplement ce qui se décrit jusqu'à présent : un adulte entre dans un caisson pour se détendre et trouver apaisement ; il devrait donc se trouver tendu et en lutte, c'est ce que la vie moderne suffit à expliquer. Au fur et à mesure que le tanking installe la relaxation, il se fait un retour de productions psychiques dissuasives et de fonctionnements corporels désagréables qui entravent cette relaxation. II y a retour de matériel refoulé,   nous sommes en pleine psychanalyse ; il y a redémarrage de fonctionnements réprimés, nous sommes en somatanalyse. L'adulte qui entre dans le tank pour se détendre est aussi un personnage qui développe des structures tenaces, qui   refoule mentalement ses souvenirs traumatisants et réprime corporellement ses fonctionnements inadéquats. Nous sommes ici autant chez Freud et Lacan que chez Ferenczi et Reich. Pour qu'il y ait relaxation, il faut d'abord un travail d'analyse, l'élimination de ces obstacles psychiques et corporels. Pour   abandonner les structures défensives nécessairement déplaisantes, il faut enlever la charge traumatique au refoulé et au réprimé.
              Comment cela se fait-il en psych- et somat- analyse ? Grâce au transfert, essentiellement. L'ouverture au thérapeute induit une ouverture équivalente aux souvenirs et aux fonctions archaïques, la relation sécurisante et affective au thérapeute permet de reconstruire ces souvenirs et ces fonctions de façon positive, non dangereuse, n'engendrant pas de réaction défensive.
              Mais ici, la mère est morte, le thérapeute est absent. Comment se fait alors le désamorçage des charges traumatiques du refoulé et du réprimé ? Comment la phobie du noir et de la mort, comment les spasmes et les absences de conscience peuvent-ils être assumés sans perturber automatiquement la détente et l'apaisement ? Comment se structurent ces nouveaux processus de façon non défensive ? C'est ce que le tanking nous oblige à comprendre et c'est ce qu'il nous permet aussi, enrichissant ainsi notre compréhension du processus thérapeutique lui-même. Cette longue approche descriptive et raisonnée laisse entrevoir la réponse, nous la proposons ici globalement, sous forme de thèse, sans essayer de la fonder plus avant :
              Le travail d'analyse et de structuration se fait somatologiquement, dans le corps qualitatif, grâce à sa détente et à sa relaxation, grâce à l'ouverture à tous les fonctionnements nouveaux, grâce à l'écoulement libre de tous les processus. A ce moment, le corps est incapable de se défendre, de refouler, de réprimer. Il assume, intègre et structure. Il fait sien, familiarise et mémorise du simple fait que rien ne s'y oppose. (C’est ce que nous appelons actuellement expérience plénière et pleine présence, fondements même du thérapeutique processus).
               
              • Le processus thérapeutique

              • Il y a là un grand principe : il suffit de laisser couler, de laisser faire ; il faut entrer en association libre ; il faut accéder au niveau où « ça parle », où « ça se fait ». Ce principe est universel puisqu'il réunit les traditions occidentales et orientales, sociales et individuelles, spirituelles et matérialistes. En effet, dans le caisson, ça fonctionne aussi librement que ça parle sur le divan ; en Occident, on s'abandonne autant à la grâce qu'on recherche le nirvana en Orient ; et cette ouverture spirituelle aux effets de la transcendance relève de la même spontanéité que le libéralisme économique sur le plan matériel.
                C'est parce qu'on flotte librement dans cette mer morte parce qu'on entre spontanément dans l'image et la sensation, que cela se structure. Il n'y a pas à se demander pourquoi, il n'y a qu'à constater que rien ne s'y oppose. Car la structuration d'un fonctionnement spontané se fait d'elle-même tant que sa dangerosité ne l'empêche pas.
                Mais il reste une ambiguïté ici pour le tanking : d'une part, on accuse le retour du refoulé d'empêcher la relaxation, d'autre part, on requiert cette relaxation pour désamorcer ce retour. Effectivement, si ce retour est trop intense, trop douloureux, il empêche la relaxation et dissuade du tanking, nous l'avons vu. Mais, généralement, l'effet matériel et physique du tanking induit une détente progressive qui désamorce effectivement les obstacles habituels, surtout si l'on peut ajouter à ces effets matériels le maniement volontaire de la relaxation et de l'analyse, de la psych- et somat-analyse.
                La structuration se fait donc essentiellement dans le corps, dans la mesure où il ne s'oppose pas à ce qui se passe, où il ne se crispe pas, ne se spasme pas, ne déconnecte pas du psychique ou de la vigilance. Il s'agit d'un mécanisme somatologique, du corps qualitatif, indépendant du contenu qui, lui, continue à s'écouler. Mais, du fait de la solitude, cette structuration se réalise beaucoup moins dans la dimension relationnelle ; l'autre est absent, l'émotion s'atténue, l'image devient impersonnelle, la sensation diffuse. Cet aspect du tanking est important et doit être souligné encore. Il en fait son attrait et sa limite, rejoignant par là une dimension morale qu'il ne nous appartient pas d'aborder ici. Ce qui importe, c'est d'avoir constaté les effets de relaxation et d’autoanalyse et, surtout, d'en avoir approché les mécanismes, d'avoir compris. Ainsi, tout comme on peut raisonnablement dépasser la peur du court-circuit parce que l'appareil a été expertisé, on peut aussi déjouer la peur de la folie parce qu'on sait ce qui se passe dans ce caisson. Il ne nous reste plus qu'à conclure en développant les vertus certaines du tanking, qui se situent dans les trois directions de la recherche psychothérapeutique, de la relaxation et de l’autoanalyse.
                 

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