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Chapitre 9 : Une nouvelle étape, scientifique, de la psychothérapie

La véritable intégration théorique Le paradigme holanthropique

Après le doute systématique et le renoncement aux théories venues d’ailleurs, après le recul anthropologique, après une complication gênante à force de complétude, s’impose un nouveau cahier de charges :
-    rendre justice à la pratique pluriglobale,
-    rester au plus près de la thérapie/analyse, de ses techniques, méthodes, procédés et cadres,
-    simplifier l’ensemble, comme l’est le vécu du moment présent,
-    devenir un lieu d’accueil pour (presque) toutes les théories existantes (et à venir),
-    s’ouvrir à la vérification scientifique que constitue la falsification.
Les réponses partielles sont venues l’une après l’autre, puis la réponse globale, sous la forme du « paradigme holanthropique ». Holanthropique, nous le sommes assurément. Paradigmatique, au sens de Thomas Kuhn, l’avenir nous le dira !
 
 

  • Les purs processus inconscients

  • La première réponse est celle qui concerne l’inconscient. Je me rappelle avoir fait une conférence aux psychologues de Nancy, il y a plus de vingt ans, et m’être fait    interpeller : «Vous n’avez pas prononcé une seule fois le mot inconscient ». C’était vrai. J’étais très gêné quant à ce concept fondamental pour l’analyse, sans en nier la réalité évidemment. Eh bien, la réponse est venue, de là où on ne l’attendait pas, des pratiques centrées sur les états de conscience comme le rebirth et la Présence Juste. Quant au finish, il s’est fait avec l’EMI, la dite Expérience de Mort Imminente. Le nouveau concept de «pur processus inconscient »  n’englobe pas seulement les deux inconscients déclarés, ceux de Freud et de Jung, mais élargit leur réalité aux vécus et acquis de nombre d’autres pratiques.
                Les purs processus («purs»  de structure) ne sont pas seulement les ressources fondamentales que nous allons chercher dans les cures longues, mais aussi les limites qui balisent la thérapie courte et même la cure moyenne. Cet acquis achève de fonder les deux somatanalyses en freudisme et jungisme en attendant d’initier une « psychanalyse plénière ».
     
    Enseignement : Autant nous avons énuméré longuement les méthodes de thérapie courte (somatothérapies) et leurs procédés (des-amalgamage, re-connexion, dé-blocage). Autant il faut fonder les cures longues, analytiques, en leur cœur même, en leurs processus inconscients. Mais fallait-il pour autant tourner plus de vingt ans autour de « l’inconscient »  parce qu’il a été transformé en une entité, en un substantif (et mis à toutes les sauces) ? Fallait-il sacrifier une carrière universitaire (chez Kammerer) et une conférence (à Nancy) pour la même raison ? Ça s’est fait, tout simplement. Ça a résisté, ça s’est imposé, pour déboucher sur quelque chose de plus juste et de plus fondamental comme nous le verrons plus loin. C’est le prix à payer pour passer au niveau méta-.
     
     
    • Le modèle ontologique

    • Ce premier acquis a permis de constituer le modèle ontologique auquel je travaillais depuis longtemps. Il transforme l’énumération qui préside au théorème de l’humain en un ensemble simple parfaitement coordonné et interconnecté dont les applications pratiques sont multiples et au plus près de la thérapie, éclairant :
      -    les lieux d’impact des trois durées de la cure : courte, focale et analytique,
      -    les étapes du cheminement vers les purs processus, l’évolution du transfert et le déroulement de la dynamique de groupe,
      -    l’ontogenèse,
      -    le principe complexification/plénarité, notamment.
       
       
      Enseignement : Il est à la page 266, ce fameux schéma. Il devrait parler de lui-même, même sans légende. Il a une certaine esthétique à être symétrique (un quadrilatère avec quatre ensembles comprenant chacun trois sous-ensembles…) et dynamique (par l’extérieur et l’intérieur). L’esthétique est un critère de scientificité parce que la vie fait des choses simples et belles, belles par leur simplicité, tout en hébergeant la complexité. Il est fécond, comme la vie, autopoïétique. Il recèle tous les points évoqués ci-dessus et d’autres à venir. Il est donc méta, à un autre niveau ; il n’entre pas en concurrence avec d’autres théories mais les invite, au contraire, à s’y situer. Simple, esthétique, fécond, accueillant… il peut se prêter à l’intégration théorique.
       
      • Le processus thérapeutique de base : plénier

      • La pluralité des pratiques et la complexité théorique doivent nécessairement déboucher quelque part où il y a l’un, l’unité, l’unification. Et cette base commune ne peut être que le processus thérapeutique/analytique. Nous l’avons appelé « expérience plénière », et sa répétition débouche sur la « pleine présence ».  Il s’agit d’un vécu immédiat et complexe. Il n’y aura ni argumentation ni preuve, mais seulement phénoménologie et recherche de concordances :
        -    auprès de Csikszentmihalyi, Stern, Veldman, qui ont des concepts analogues,
        -    auprès d’Edelman, neuroscientifique, et de sa théorie générale du cerveau,
        -    dans l’expérience fondatrice des psychothérapeutes en formation,
        -    à travers l’inscription des méthodes particulières que nous avons évoquées tout du long de ce texte.
                    La reconnaissance de ce moment plénier comme moment thérapeutique s’est faite par observation et expérience. Elle s’est imposée. Puis il aura fallu trouver des concordances. Nous en citerons ci-après. Mais cela ne prouve rien en soi. Nous ne courrons pas plus après les arguments définitifs… Et pourtant, méthodologiquement et scientifiquement, il faut un tel processus fondamental et commun. La définition même de la psychothérapie le postule et le revendique. Il y a de l’un dans ce moment de re-vitalisation comme dans la vie elle-même. Il est commun, méta-, présent dans toutes les méthodes, toutes les théories, dans chaque cure. La science psychothérapique le veut. La méthodologie intégrative y amène.
                    L’ensemble de ces quatre thèmes fondamentaux (l’ontogenèse, l’inconscient, l’ontologie, le processus thérapeutique) est nécessaire mais aussi suffisant pour constituer un véritable paradigme. En effet, il cumule :
        -    les références de base de l’être,
        -    les particularités de “la” et des psychothérapies,
        -    l’unicité de la clinique.
                    Il ne reste qu’à s’engager avec curiosité et courage dans cette démonstration qui nous proposera trois chapitres avec les thèmes annoncés :
        -     l’ontogenèse avec ses six étapes de vie,
        -     l’ontologie avec insistance sur les purs processus inconscients,
        -     l’ontothérapie avec l’expérience plénière comme processus thérapeutique.
         

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