Chapitre 4 : La psychothérapie et la psychopathologie en 2008 LÂ’intégration des psychothérapies Le courant intégratif vient des Etats-Unis, s’est implanté en France via des universitaires lyonnais et l’Association Française pour l’Approche Eclectique et Intégrative des Psychothérapies, AFIEP, dont je suis fondateur et ancien vice-président. J’ai également édité le premier livre français sur la question (Meyer 1995). Troisième étape de son histoire, (après la simple juxtaposition de quelques méthodes, étape 1, et la recombinaison de méthodes antérieures en un nouveau système fermé, étape 2), l’approche éclectique et intégrative, étape 3, pèche par trois défauts :
Voici deux exemples représentatifs, ceux de Lazarus et de Di Clemente et Prochaska.
Elle réunit les principaux mécanismes de changement en sept modes : Cette liste est intéressante et très riche. Nous ne savons pourtant pas ce qui en constituerait la globalité au-delà d’une accumulation de procédés (certes assez large). Nous avons ici un exemple du seul éclectisme : additionner les méthodes intéressantes même s’il y a une unité autour des « modes » ou fonctions comme nous le verrons plus loin. La deuxième démarche, d’O. Prochaska et Carlo C. Di Clemente, veut aller plus loin puisqu’elle s’intitule « approche transthéorique ». Nous leur laissons la parole.
Les deux auteurs ont effectué une déconstruction analogue à celle de Lazarus. Mais au lieu de se focaliser sur la dimension fonctionnelle (avec les sept éléments du BASIC ID), ils privilégient deux autres dimensions : les processus de changement et les étapes de la cure. Voici comment Norcross résume les choses. Des recherches nous ont permis de raffiner nos formulations d’origine pour aboutir à dix processus de changements distincts :
Dans un deuxième temps les auteurs situent les indications de ces dix processus en fonction des étapes de la cure qu’ils pensent être au nombre de cinq. Tableau 4 : processus et stades de changement (Norcross p. 286) Ces deux exemples illustrent bien les restrictions du choix des méthodes et des processus de base. Nous voyons ainsi que les fonctions et processus retenus ne sont pas représentatifs de toutes les psychothérapies/psychanalyses. Aussi proposons-nous un pas de plus jusqu’à constituer la quatrième étape de l’intégration. Trois principes fondent cette nouvelle étape :
S’il y a effectivement 700 thérapies différentes, il est difficile de les approcher toutes. Et pourtant, c’est un préalable. J’ai passé une vingtaine d’années à parcourir le champ des thérapies psychocorporelles, à les appeler d’un terme universel, somatothérapie, et à les mettre en ordre. Voici la proposition d’un historique de ces somato-psychothérapies qui représentent la catégorie la plus oubliée du courant éclectique et multiréférentiel.
Tableau 5 : Histoire des Somatothérapies en Occident.» (Meyer, Liénard p. 21) Nous retrouvons ici l’influence de la société sur la mise à disposition des « outils » corporels. En même temps, nous observons déjà une classification en fonction des « formes d’organisation ». Bien que l’assignation d’une méthode à une place précise soit réductrice, il est important d’en indiquer la fonction prévalente.
Le tableau réunissant les principales somatothérapies s’ordonne déjà selon deux critères : forme d’organisation et fonction prévalente en plus de la date de naissance. C’est dans cette direction que se développe notre méthodologie, du côté des « facteurs organisateurs ». Toute méthode se construit sur un certain nombre de facteurs infrastructuraux, dont je ne veux énumérer ici que les quatre principaux : Ces facteurs organisateurs et leur petit nombre de formes différenciées s’agencent en un ensemble relativement limité, avec douze à dix-huit méthodes. Voici ce tableau.
Tableau 6 : mise en cohérence des facteurs organisateurs Il ne s’agit plus de juxtaposer éclectiquement des méthodes choisies on ne sait pourquoi. Il suffit de remplir chaque case : une méthode verbale, une corporelle, une médiatisée, une méthode duelle, conjugale, groupale, un protocole court, une psychothérapie de durée moyenne, une analyse longue… Avec un nombre limité, nous construisons une globalité : c’est ce que j’appelle la « pratique pluriglobale ». J’insiste particulièrement sur le facteur temps, commençant toujours par une séquence courte (50% des thérapies), faisant bilan et nouveau contrat pour une durée moyenne (1 à 2 ans) pour 35% des patients, proposant bilan et troisième contrat d’analyse pour les 15% de patients restant. (…) C’est ce que j’appelle la « cure séquentielle », j’en ai parlé plus longuement à propos de la convergence des courants psychothérapiques. Mais ici nous organisons les trois temps successivement avec contrat, bilan, respect des durées annoncées et proposition de passer au-delà.
Les « facteurs organisateurs » permettent d’aller au-delà des techniques particulières. Ici, c’est la pensée méta- qui se généralise au-delà des théories d’école, selon le principe des types logiques de Bertrand Russell. Nous n’avons pas la place de développer tout ce cheminement ici. Je ne voudrais insister que sur l’aspect « inconscient », fondateur de la psychothérapie. Des approches plurielles m’ont amené à proposer des « purs processus inconscients », purs de structure, au nombre de trois : Ces trois processus constituent le déroulement chronologique de nombreuses expériences: les psychanalyses freudienne et jungienne, la somatanalyse, l’EMI ou expérience de mort imminente, la pneumanalyse ou rebirth, la Présence Juste et autre méditations, les grandes pratiques sur les états de conscience modifiés. Chacun de ces processus est défendu par une structure propre (corporelle, mentale, personnelle) qu’il faut subvertir au risque de troubles (tétanie, effondrement, sortie du corps…) pour en faire une dynamique « constituante ». L’éveil successif des « trois processus inconscients » est représenté sur le tableau suivant qui met en regard les étapes de la… psychose aiguë.
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