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Chapitre 1 : Naissance et développements de la psychopathologie

Le fou, le médecin et le théologien

 La Renaissance (de 1453, chute de Constantinople à 1610, mort de Henri IV), n’apportera que peu de progrès à la psychopathologie et au sort des fous. Certes, elle a suscité  L’Eloge de la folie  d’Erasme et le Narrenschiff du strasbourgeois Sébastien Brandt. Erasme « a célébré la plénitude qu’éprouve le « fou chrétien » qui parvient au contact des vérités éternelles. Mais dans ce même ouvrage, Erasme soulignait aussi la vertu démasquante de la folie, sa fonction démystifiante ; aimant à cultiver le paradoxe, il affirmait que le vrai sage était en réalité celui qui passait pour fou » (p. 56).

Reprenant l’idée de Brandt, un promoteur a «décidé d’ajouter à la Nef des Fous une petite Nef des Folles, de dimension réduite, certes, mais d’une capacité immense (…) puisqu’il faut y embarquer pour ainsi dire toute la folie humaine. Dans un navire se trouve Eve, l’auteur du péché originel, et chacun des cinq autres navires représente l’un des sens et la folie à laquelle les sens nous entraînent. On ne saurait mieux illustrer les liens entre la folie, la femme et le mal… » (p. 51).

La Renaissance a aussi brûlé des milliers de sorcières et maints médecins qui voulaient affranchir la folie de la religion, même si elle n’a pas pu empêcher le schisme de Luther avec ses aspects psychologiques : la personnalisation de la relation entre l’homme et Dieu et la promotion de l’individu.

Malgré tout, le fou n’est pas exclu, il est marginalisé. Le droit pénal commence à le protéger : « la frénésie excuse péremptoirement « quelque meurtre et méchanceté que face le furieux ». (p. 61).

Le droit civil développe la « curatelle » pour protéger l’insensé contre lui-même. En 1409 fut fondé un hospice pour les fous en Espagne, inspiré par le modèle islamique. On pouvait aussi les enfermer ou les cacher dans la famille.

Certaines pathologies étaient toujours encore attribuées à une origine surnaturelle ; d’autres, à une pierre de la folie qu’il fallait extraire du crâne comme le montrent des tableaux de Bosch et Breughel. Mais c’est la mélancolie qui représente le plus la folie, dont la noirceur est commune avec celle du diable. « Pendant un siècle et plus, Satan va capturer les intelligences, harceler les volontés, obnubiler les esprits » (p. 65). Hildegarde de Bingen établit un lien entre le péché originel et la mélancolie, et la femme… toujours encore. Même Rabelais était antiféministe.

Que conclure de cette Renaissance ? Les mentalités et attitudes face à la folie évoluent, si ce n’est la psychopathologie. L’Eglise devient ambivalente : d’un côté, elle continue à assimiler folie, femme, sorcière, diable et en… brûle, d’un autre côté elle ouvre des hospices pour les fous. La société civile commence à excuser et à protéger. Des médecins s’élèvent contre les assimilations au surnaturel et se font même entendre comme Jean Wier et Reginald Scot

 

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