Chapitre 4 : La psychothérapie et la psychopathologie en 2008 La psychothérapie comme « fait social total » En ce début de XXIe siècle, l’humanité connaît le meilleur (l’éveil des pays émergents) et le pire (le changement climatique). L’individu voit poindre des prouesses (le grand âge en bonne santé) et des risques (maladies dues à l’environnement et stress de performance). La psychothérapie surfe sur la multiplication des méthodes et le désarroi devant ce foisonnement car la psychothérapie s’inscrit pleinement dans l’évolution de nos sociétés, cultures et civilisations. L’usage de la psychothérapie connaît une expansion de la demande sinon une explosion. Des chiffres approximatifs assignent cinq pour cent de la population occidentale à son utilisation, ce qui ferait autour de trois millions de Français en psychothérapie (passée ou actuelle). En face, de cinquante à soixante mille professionnels répondent à cette demande en France. Le développement de cette « activité de service » spécifique nous pousse très logiquement à considérer la psychothérapie comme un « fait social total » selon la définition des anthropologues (Durkheim, Mauss), avec comme corollaire qu’il faut la considérer en soi, comme une réalité qui n’a pas à être expliquée autrement (psychologiquement, économiquement, politiquement ou religieusement…). L’autre conséquence est la nécessité de fonder une anthropologie psychothérapique, comme il en existe déjà pour la médecine ou l’économie par exemple. En effet, la psychothérapie comme fait social ne se contente pas seulement de foisonner de méthodes et théories, elle s’anime aussi de tous les processus qui s’observent dans les grands mouvements sociaux et culturels : la compétition jusqu’aux guerres (des écoles et des livres noirs), les convergences et, finalement, les tentatives d’intégration. N’est-ce pas ce qui s’observe pour la nouvelle et terrible pathologie, climatique, qui mobilise enfin les deux cents nations qui squattent notre unique planète ? Le fait psychothérapique pourrait même devenir un modèle de coopération, devant une réalité que Freud évoquait déjà : « N’est ce pas étrange que nous puissions passer des années à tenter d’aider un patient alors que des milliers d’êtres humains peuvent être tués d’une bombe en une seconde » (Schmideberg, 1938). Mais restons ici dans notre domaine professionnel (sans oublier cette autre responsabilité). Approchons ces trois mouvements qui animent le fait psychothérapique (incluant la psychanalyse) : foisonnement, convergence et intégration.
|